Les deux disciples viennent de quitter Jérusalem, et sont sur le chemin vers Emmaüs.
Leur vie est fermée, verrouillée. Les yeux ne voient plus rien de cet espoir qui les avait tant stimulés. Les pieds avancent, mais le regard est désespérément tourné en arrière. Sous les décombres du passé, il ne distingue plus aucune lueur, aucun signe qui relèverait le goût de la vie.
Impossible de reconnaître celui qui les rejoint et ajuste son pas à leur rythme pour partager la route. La présence de Jésus à leur côté n’est qu’un de ces moments du hasard, sans signification réelle. Combien de fois ne marchons-nous pas comme ces hommes de Jérusalem à Emmaüs ? Chemin dans véritable destination, sans espoir, où nous sommes seuls. Combien de fois nos yeux ne sont-ils pas empêchés de reconnaître celui qui nous rejoint, nous emboîte le pas et s’ajuste à notre marche ?
Cependant, ce dont témoigne la rencontre sur la route d’Emmaüs échappe à ce qu’il est permis d’espérer comme ce qui peut être expliqué : la mort n’a pas pu arrêter définitivement l’action et la parole de Jésus. Le Ressuscité, présent aux disciples, offre, dans sa parole, le signe d’une traversée : celle de sa mort.
A nouveau, Jésus se livre, il leur ouvre un passage. En sa présence, un nouveau monde s’ouvre. En les questionnant, il leur permet aussi de traverser leur propre existence.
Chacun, à notre manière, dans notre relation au Christ, nous sommes engagés sur le chemin d’une transformation en profondeur. Ce chemin d’Emmaüs passe aussi, pour les disciples que nous sommes, par le découragement et l’abandon de nos illusions. Mais il nous ouvre un chemin nouveau de relations avec les autres frères et sœurs, nous renvoyant, à nouveau, en mission dans l’ordinaire nos vies, comme lieux possibles de sa rencontre avec nous. « C’est vrai, le Seigneur est ressuscité »
JOYEUSES PAQUES !
Père Sylvain Apenouvor