Dans nos villages, nos villes, et même nos paroisses, nous savons bien comment nous sommes pris dans des jugements collectifs sans appel devant telle personne qui a commis une faute. Nous savons bien que nous sommes tous contagieux à ce virus de la dénonciation collective.

Parfois même, nous chrétiens, nous sommes « les premiers à jeter la pierre ». Et puis, si nous nous abaissons un peu pour ne pas être complètement pris dans ce cercle infernal, si nous allons un tant soit peu profondément en nous, nous rencontrons à coup sûr cette parole de Jésus : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. ». Cette parole de bon sens nous ramène à notre condition humaine, à la reconnaissance de notre propre faiblesse, de nos propres fautes. Nous ne sommes pas meilleurs que les autres.

Les scribes et les pharisiens qui ont mis Jésus à l’épreuve, c’est nous. C’est nous qui mettons Dieu à l’épreuve quand nous l’utilisons pourporter des jugements sur les autres.

La femme adultère, libérée des chaînes de son péché, délivrée du mépris de ceux qui se font gloire d’être des justes, introduite dans l’amour d’un Dieu qui, lui aussi, oublie « ce qui est arrière », est l’image de ce qui est offert à chacun d’entre nous dans la grande aventure annuelle du carême. Nous aussi, comme cette femme, nous sommes adultères, au sens biblique de ce mot, c’est-à-dire coupables d’infidélités, de trahisons connues ou secrètes, qui nous font aller vers d’autres dieux à notre mesure, plutôt que vers l’unique Seigneur. Si nous sommes lucides, il nous arrive parfois de nous surprendre « en flagrant délit d’adultère ». Rien n’est alors perdu. La miséricorde du Seigneur est là qui permet un nouveau départ et donne la force de vivre, le moins mal possible, la parole qui nous est adressée aujourd’hui à nous aussi : « Va et désormais, ne pèche plus ».

Père Sylvain Apenouvor

Feuille paroisiale

la semaine de notre commuauté N°55 du 03 avril 2022